vendredi 23 novembre 2012







                      Tresser - Nouer - Plier - Manipuler - Tester - Tordre - Enrouler - telles sont les pensées  
                      d'aujourd'hui dans l'atelier -








mardi 23 octobre 2012


dimanche 21 octobre 2012


Et nous les Hommes



Il rôde — Il tournoie — Il fait entendre son appel prédateur comme pour signifier sa présente intention — Il ne sait pas que de l'autre côté de la frontière la rumeur étend ses tentacules dans les cœurs des Hommes — qu'ils serrent dans leur poing une rose blanche 


dimanche 14 octobre 2012


- quelque part, le chien lance un appel déchirant comme une longue plainte, s'étirant dans l'azur du ciel - mais nous - nous les Hommes -
                        


samedi 13 octobre 2012



In-carnat

- le doux murmure de la voix androgyne envahit l'espace sombre - clôt sans bord. D'autres voix aux tons modulés amplifient le fin bruissement - métamorphose en bourdonnement assourdissant. L'homme tient fermement entre ses mâchoires serrées une longue tige de bambou. Immobile, - écoulement du temps, puis il amorce une lente oscillation du torse puissant. Tournoie sur lui même en dessinant un cercle régulier - lentement d'abord - accélération du rythme jusqu'à ce que le trait de bambou fouette l'air - les voix s'éteignirent brutalement - chute des corps - glissement furtif des images guerrières - impression entre les paupières diaphanes -






vendredi 12 octobre 2012


Le salon de coiffure



9 h 45, le carillon de l’église voisine sonne. Il franchit brutalement la porte. Les gling, gling de la sonnette résonnent sans fin, faisant exploser en mille éclats l’ambiance feutrée du salon. Il occupe l’espace d’une voix de ténor avec un retentissant bonjour qui ne s’adresse qu’à lui-même tout en se dirigeant sans dévier son itinéraire vers le fauteuil disposé à cet effet, comme pour signifier que d’autorité, il prend ses marques. A cela, elle s’est habituée. D’un air recueilli, elle prépare la séance qui, d’ordinaire pour un client tout ordinaire ne prendrait que 10 minutes, mais avec monsieur Collet, c’est une autre histoire. D’une constitution fortement charpentée avec un souffle de forge à faire pâlir Vulcain, il a le verbe haut et l’énergie du centaure.
Armée de la cape rouge, elle affronte la montagne de chair qui fait grincer l’assise de skaï blanc.
«  Bonjour Chantal, alors vous allez bientôt nous quitter, dans deux semaines peut-être ?
-Bonjour monsieur Collet.
-Alors, c’est pour bientôt Chantal ?
- Relevez la tête s'il vous plait, monsieur Collet, et passez au bac ». La cape soyeuse passe comme un léger souffle d’air devant les yeux. Première approche, premier contact, envelopper, conforter, apprivoiser.
Il se lève prestement. Elle observe, émue, le coussin de l’assise fortement comprimé par le corps, qui reprend doucement sa forme initiale, déplacement - ah, en forme le gaillard pensa-t’ elle. Les crissements du petit fauteuil du point d’eau attestent la prise d’assaut.
« Alors c’est un garçon ou une fille - un garçon c’est tellement mieux, moins d’embarras, moins de complication, droit au but, c’est plus direct.
- Appuyez votre tête sur le rebord et penchez la en arrière s’il vous plait, non, je ne sais pas, je n’ai pas demandé, ce sera la surprise.
- Oh ma petite Chantal, vous me faîtes des cachotteries – vous êtes bien une fille hein ? Avec les filles c’est toujours comme ça. Aucune franchise, ça pinaille, ça discutaille, ça jacasse, ça ne sait pas dire oui ou non, ça pleure, ça geint, ça pigne, ça trépigne. Avec un garçon, c’est franc, c’est net, pas de tergiversation, ça donne des coups, mais c’est du flanqué – ce n’est pas vrai ça Chantal ? 
- Vous pouvez retourner à votre place s'il vous plait, monsieur Collet ».
L’élan du corps se fit moins empressé. Elle constata qu’une certaine torpeur commençait à envahir l’animal. Question de stratégie, prudence, gare à l’imprévisible, on ne sait jamais, ces mastodontes paraissent inoffensifs et vlan l’estocade vous envoie vite respirer un air plus frais teinté d’étoiles d’or.
Olé, la cape rouge repasse devant les yeux – aveuglement – étouffement – perte de repère, tourner autour, étourdir, brusque changement de direction, épuiser, poids du corps déplacé, plainte aiguë du fauteuil de skaï blanc - olé, serrer au plus près ; ne pas oublier serrer au plus près.
Les clients du salon retiennent leur respiration. Dans le lieu règne un climat de ferveur, signes de croix furtifs par respect pour le spectacle, rires étouffés, invectives muettes, explosions de joie. L’ombre du colosse dessine sur le sol une large tache noire, une sorte d’élégie qui, doublée de sa propre ombre mouvante évoquent des images aux narrations décousues. « Aucune cachotterie Monsieur Collet – penchez la tête à droite s’il vous plait. Relevez, abaissez, ne bougez plus.
-Vous avez choisi les prénoms ? C’est important les prénoms, il ne faut pas faire n’importe quoi, ne pas faire d’associations douteuses avec le patronyme, c’est sérieux les prénoms,  certains prénoms sont symboliques, ils traduisent des éléments qui peuvent avoir une influence sur le caractère de la personne – tenez Claire par exemple, à peine prononçons nous Claire que tout s’éclaire – c’est drôle n'est-ce pas ? »
Prudence, il cherche sa  querencia « non, monsieur Collet, je n’ai pas encore choisi le prénom », se méfier de l’imprévisible, du coup à venir, se placer, se déplacer, sans cesse, mouvements permanents, étourdir, alterner les gestes lents aux gestes brusques. Les coups de ciseaux par ci par là, les cheveux coupés volent et nimbent la tête d’une lumière épiphanique comparable à certaines icônes byzantines vieillies et usées par le temps. Choisir sa ligne de partage entre soi et lui, c’est le meilleur angle d’attaque. « Et puis, nous sommes deux pour décider du choix du prénom !
- Un point de gagné, je m’incline, vous êtes deux – n’oubliez pas que le choix du prénom est important, je me souviens dans ma classe en primaire, il y avait des jumeaux qui s’appelaient Côme et Pacome Toutlemonde – les moqueries, ça y allait, pauvres gosses, nous étions cruels.
- Fermez les yeux – ne bougez plus », aveuglement le voile des cheveux retombe devant les yeux – olé - joie dans le salon,  appréciation de la belle passe de la Veronica – olé – ça le vaut bien, elle est risquée. Ce n’est pas son évocation religieuse qui vous protège contre le fait de vous envoyer directement au ciel – olé il faut étourdir l’animal, l’hypnotiser, l’amener à la lisière de sa conscience. Déplacement de son corps alourdi par la maternité, ligne de partage à contrôler, géographie invisible du territoire, gling, « Bonjour monsieur le facteur, toujours aussi ponctuel, à demain.  Je ne me risquerai pas à faire ce genre de calembour avec des prénoms », les clients retiennent leur souffle, observent, le spectacle ne déçoit pas.
L’ombre du bras levé, orné des peignes et des ciseaux sautillants dessinent sur le sol une banderille ornée de fins rubans. L’ambiance est chauffée à blanc. Les muscles des cous se tendent comme des arcs, prêts à se rompre. Les spectateurs ne veulent pas perdre une miette du spectacle. Les yeux s’écarquillent, déroulant le tapis des images éculées d’un proche dénouement à la couleur de l’incarnat.

jeudi 11 octobre 2012


La carcasse de soie ouvragée de fines broderies blanches







jeudi 4 octobre 2012


jeudi 27 septembre 2012





         La peur paralyse les extrémités effilées des doigts qu'une blancheur mortuaire pétrifie 


mardi 25 septembre 2012






Les butineuses récoltent un nectar sirupeux
 Écriture  asémantique
 Histoire

dimanche 23 septembre 2012






 Le silence crépusculaire annonce la déferlante de fer et de feu
  Au sol les rubis rutilants lancent leur éclat
 D'absence - La peau se nacre d'une
 Soudaine pâleur






mardi 18 septembre 2012

   





 On nous a fait croire que les loups étaient carnassiers !


 

vendredi 14 septembre 2012


mardi 4 septembre 2012






          AVEUGLES A LA TERREUR - SOURDS AUX CRIS







                   

lundi 3 septembre 2012

Epinglé(e)


vendredi 24 août 2012

  Paysage - Marcher - Écouter - Sentir - Ne pas oublier le carnet dans la poche
   Tracer des lignes - Y revenir - Contempler - Saisir l'instant au plus vite - Et - 
  Tracer à nouveau - Des pleins - Des vides - Des déliés - Laisser filer la ligne.




 







jeudi 23 août 2012




La robe

Elle n’aurait jamais dû se trouver sur ce trottoir en cette fin de journée printanière. Visiblement, le soleil renoncera à faire son apparition. Le ciel est gris dehors comme dedans, à l’égale de son humeur. Les hauts murs de la ville encadrent les petites fenêtres aux vitrages obscurs, fermées sur des intimités qui ne se dévoilent pas. Les toits d’ardoises vieillies par le temps ont perdu de leur éclat. Un lichen insistant les recouvre d’une étoupe rugueuse de couleur rouille, leur donnant cet air sinistre qui éteint l’éclat de la cité – tout est pesant, l’absence de lumière alourdit l’ensemble. Seules les vitrines ornées d’objets hétéroclites apportent un semblant de vie. Malgré la sensation de tristesse, elle aime le silence qui se dégage de cet endroit si particulier qui a accueilli un siècle plus tôt une cohorte de peintres qui ont su faire école grâce à leur palette de couleurs vives, en quête de lumière. Une robe posée sur un mannequin en osier attire son regard. Elle se détache de la multitude par la délicatesse de ses couleurs. De grosses pivoines nuancées de rose tyrien et de rouge vermillon et carmin ornent le tissu de crêpe nacré de blanc selon un agencement censément aléatoire. Çà et là, un feuillage composé de taches vertes et brunes encadre les fleurs. De coupe simple, la robe semble attendre le corps idéal pour entamer un duo romanesque.
Le son cristallin d’une sonnette signale son entrée. Une atmosphère feutrée et chaude repousse le morne extérieur à la limite du palier. La chaleur de l’endroit et le brouhaha des personnes agitées de gestes vifs dénouent les fils de ses sombres pensées. Un fier sourire l’accueille. Promptement, elle désigne la robe convoitée en nouant ces deux bras au niveau de la taille du vêtement. Puis, d'un instinct animal, elle plonge son visage dans le soyeux de la trame en respirant bruyamment son odeur de terre mouillée. Le rideau de velours rouge de la cabine d’essayage l’absorbe dans ces plis, l’isolant de l'ambiance animée du magasin – longue inspiration – moment de suspension – détachement du réel.
Prestement, elle enlève ses vêtements en les déposant doucement sur la moquette lustrée par les nombreux piétinements, comme pour éteindre le désir pressant de revêtir la robe – s’en suivra l’envolée lyrique pressentie. Un bref regard vers le miroir situé à l’angle de l’enclos retient son regard. Elle esquisse une moue de dépit à la vue de l'image du corps blanc qui lui fait face et qui se défait vers une inévitable chute. Elle pense soudainement au pantin désarticulé qu'elle a longuement contemplé dans la vitrine voisine. Comme pour se rassurer, elle serre dans ses mains le tissu à l’apparente fragilité. Puis elle lisse fébrilement un dessin de pivoine qui déploie la finesse de ses formes dans toute la crudité de l’instant. Elle se sent transportée dans cet extrême qu’un orient met en exergue en une beauté éphémère – la femme. Le miroir l’égare, il ouvre une perspective semblable à un gouffre dans ce lieu en repli du monde qui l’attire vers une folie. Trois coups brusques la font sursauter, l’extrayant brutalement de cet excès d’irréalité. Prestement, d’un geste assuré, elle enfile le vêtement qui amorce sa lente coulée douce sur son corps. Elle lit dans le reflet du miroir son image qui tremble, bouche béante – elle laisse échapper un cri.
Le vêtement perd sa forme et son éclat. Seul, le chant incarne avec force la dramaturgie de l’endroit. La fleur semble s’épanouir encore davantage. La robe ne se dérobe pas. Elle habille le corps d’une théâtralité de quelque chose qui s’absente. Dans l’espace exigu de la cabine, la même scène se joue à huis clos. L’éclat spéculaire de la fleur poursuit son épanouissement à l’endroit du cœur, imbibant le tissu de sa sève rutilante. En tombant, le corps a décroché le lourd rideau de velours la recouvrant – elle – la femme – d’un linceul de pourpre.
Les applaudissements ont retenti sur le dernier cri de Madame Butterfly.

mardi 21 août 2012


"Lettre à Lou"



lundi 20 août 2012

Lilith